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Book online «Le Vingtième Siècle: La Vie Électrique by Albert Robida (inspirational books for students .txt) 📗». Author Albert Robida



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plus, tr�s notable �conomie d'argent!

—Merci! fit Mme Lacombe, vous me traiterez de tardigrade si vous voulez, mais je pr�f�re notre petite cuisine de m�nage, o� je puis combiner des petites douceurs agr�ables quand il me pla�t! Votre cuisine de la Grande Compagnie d'alimentation, tenez, ce n'est jamais que de la confection!

—Je vous assure, dit le phono, qui semblait avoir pr�vu des objections, que la cuisine est succulente et que les menus sont tr�s vari�s. Ce ne sont pas de vulgaires marmitons, madame, ou d'ignorants cordons bleus qui pr�parent nos repas, ce sont des cuisiniers instruits, dipl�m�s, des ing�nieurs culinaires ayant pouss� tr�s loin leurs �tudes! Ils sont sous la direction d'un comit� d'hygi�nistes des plus distingu�s, qui savent ordonner nos repas selon les lois d'une bonne hygi�ne et nous fournir une alimentation rationnelle... Au lieu de plats combin�s par des chefs sans responsabilit� m�dicale, au hasard de l'inspiration, � tort et � travers, la Compagnie fournit la nourriture qui convient � la saison, aux circonstances, rafra�chissante ou tonifiante, abondante en viandes fortes ou en l�gumes quand elle le juge bon pour la sant� g�n�rale... Et l'on a constat�, parmi les abonn�s, une forte am�lioration des gouttes, gastralgies, dyspepsies, etc.�

Le phono s'arr�ta, semblant attendre des objections que Mme Lacombe, qui se d�fiait, se garda bien de formuler.

Apr�s un instant, le phono continua avec une nuance d'ironie dans la voix:

�Dans tous les cas, il est honteux pour des gens de notre �poque de se montrer trop pr�occup�s des satisfactions de l'estomac! Cet insignifiant organe ne doit pas primer et opprimer le cerveau, l'organe roi, madame! D'ailleurs, ces questions sont sans importance; vous savez bien que, de nos jours, on n'a plus d'app�tit!�

Mme Lacombe soupira:

�Bon! il est avare, je m'en doutais!�

Ce fut aussi M. Philox Lorris qui se chargea d'engager le personnel n�cessaire. Mme Lacombe fut terriblement surprise quand elle sut que ce personnel devait se composer seulement d'un concierge, d'un m�canicien brevet� et d'un aide-m�canicien. Pas plus de femme de chambre ou de valet de chambre que de cuisini�re.

�Heureusement ma fille aura Grettly!� pensa-t-elle.

M. Philox Lorris avait charg� son phono de recevoir les candidatures des gens.

Ce fut un v�ritable d�fil� pendant quelques jours. L'appareil enregistrait les d�clarations, photographiait les candidats. M. Philox Lorris, de cette fa�on, put fixer ses choix sans bavardages oiseux et sans perte de temps. Il eut � �carter de nombreux candidats ne pouvant justifier d'�tudes compl�tes et bons � servir seulement dans la petite bourgeoisie, moins exigeante sur les titres; il lui fallut m�me repousser aussi des polytechniciens dont certaines circonstances avaient entrav� la carri�re:

�Quels sont vos titres? demandait le phonographe aux candidats; parlez et veuillez remettre vos brevets.�

Le concierge engag� avait, ainsi que sa femme, outre les meilleures r�f�rences, les brevets des baccalaur�ats �s sciences; quant aux m�caniciens, ils sortaient dans les bons num�ros de l'�cole centrale. On pouvait leur remettre en toute confiance la direction des forces �lectriques de la maison.

C'est ainsi que fut organis�e la maison destin�e aux deux jeunes gens. Malgr� les hauts cris de Mme Lacombe, Philox Lorris tint bon et fit accepter son programme sans y apporter aucune modification. Il sut fournir la maison de tous les perfectionnements que la m�canique a de nos jours apport�s dans la vie habituelle, perfectionnements qui permettent de se passer des bonnes, des domestiques et du nombreux personnel que nos a�eux devaient entretenir autour d'eux.

R�CEPTION DES SOLLICITEURS.

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�... NOS FLEUVES CHARRIENT LES PLUS DANGEREUX BACILLES.�

Image plus grande II

Les grandes affaires en train.—Conflit Costa-Rica-Danubien.—L'�re des explosifs va �tre close.—La guerre humanitaire.—Triste �tat de la sant� publique.—Trop de microbes.—Le grand m�dicament national.

M. Philox Lorris ne voulait pas de femmes inoccup�es. C'est un principe d'ailleurs g�n�ralement adopt�. Devant la femme �gale de l'homme, ayant re�u la m�me instruction, �lectrice, �ligible, ayant les m�mes droits politiques et sociaux que l'homme depuis plus de trente ans, toutes les carri�res jadis ferm�es se sont ouvertes. C'est un progr�s immense, bien que certaines femmes � l'esprit r�actionnaire, et justement Mme Philox Lorris est du nombre, pr�tendent y avoir perdu. Mais, h�las! toutes les carri�res lib�rales, si encombr�es d�j� lorsque les hommes seuls pouvaient s'y lancer, le sont bien davantage maintenant que les femmes peuvent �tre notairesses, avocates, doctoresses, ing�nieures, etc. Gr�ce aux vigoureuses campagnes men�es par les cheffesses du parti f�minin, nous avons maintenant des mairesses et m�me quelques sous-pr�f�tes, et l'on vient de voir dans le dernier cabinet une ministresse! On le voit, une des carri�res les plus belles et les plus productives en b�n�fices, celle qui nourrit le mieux son homme, comme on disait autrefois, nourrit aussi la femme—l'industrie politique, petite et grande, c�t� opposition ou c�t� gouvernement, compte d�j� de nombreuses notabilit�s f�minines.

LA VIEILLE LUT�CE ET LA NOUVELLE

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La femme travaille donc � c�t� de l'homme, comme l'homme, autant que l'homme, au bureau, au magasin, � l'usine, � la Bourse!... Par ce temps d'industrialisme et d'�lectrisme, quand la vie est devenue si d�plorablement co�teuse, tous, hommes et femmes, s'occupent fi�vreusement d'affaires. La femme qui ne trouve pas l'emploi de ses facult�s dans l'industrie de son mari doit se cr�er � c�t� une autre industrie: elle ouvre un magasin, fonde un journal ou une banque, se d�m�ne et se surm�ne comme lui � travers la grande bataille des int�r�ts, au milieu des concurrences surexcit�es.

Ce sont des savants vieillis dans les laboratoires.

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Que deviennent le m�nage int�rieur et les enfants dans ce tourbillon? Les soucis du m�nage sont all�g�s consid�rablement par les compagnies d'alimentation qui nourrissent les familles par abonnement; pour le reste, on a des femmes � gages, d'une �ducation moins soign�e ou d'ambition moindre, qui s'en chargent. Quant aux enfants, qui sont un embarras consid�rable pour des gens si occup�s, les �coles, puis les coll�ges les re�oivent d�s l'�ge le plus tendre et l'on n'a que le souci des trimestres � payer, ce qui est d�j� bien suffisant.

Mme Philox Lorris faisait exception � la r�gle, elle �tait rest�e compl�tement �trang�re aux entreprises de son mari, n'avait jamais paru � ses laboratoires ni � ses bureaux et ne s'�tait lanc�e dans aucune entreprise particuli�re. Elle avait m�me d�daign� jusqu'� la politique, o� pourtant la situation de son mari e�t pu lui servir de marchepied initial. Elle ne sortait pas beaucoup; le bruit courait qu'elle s'occupait de sciences philosophiques et qu'au fond de son cabinet elle m�ditait les probl�mes m�taphysiques, attel�e � un grand ouvrage de haute philosophie.

On aimait � se repr�senter ainsi la femme du plus illustre repr�sentant de la science moderne, enfonc�e dans ses recherches, au milieu des livres, lanc�e dans les chemins de l'inconnu, dans la for�t des hypoth�ses, � travers le lacis embroussaill� des erreurs, � la recherche des hautes v�rit�s morales, comme son mari � la poursuite des grandes lois physiques.

Philox Lorris avait assign� une place � Estelle Lacombe au grand laboratoire, dans la section des recherches, la plus importante; les ing�nieurs de cette section des recherches forment, pour ainsi dire, l'�tat-major du savant et travaillent sous ses yeux, avec lui; ce sont pour la plupart des gloires de la science, des savants vieillis dans les laboratoires, d�s longtemps c�l�bres et p�lissant encore avec joie parmi les livres et les instruments, ou des jeunes gens dont Philox Lorris a devin� le g�nie naissant et que le ma�tre illustre lance, pleins d'ardeur, sur les pistes inexplor�es, sur toutes les voies pouvant conduire � la d�couverte des secrets de la nature.

Que faisait la pauvre Estelle, avec son m�diocre bagage de science, au milieu de ces sommit�s scientifiques? C'est que les questions � l'ordre du jour dans le laboratoire, les sujets � l'�tude sont bien autrement ardus, compliqu�s et difficiles que les questions et les sujets qui l'ont le plus tracass�e au temps o� elle piochait ses examens pour le brevet d'ing�nieure! Au cours des discussions qu'elle entendait, lorsqu'elle essayait de monter jusqu'� la compr�hension, m�me superficielle, des probl�mes soulev�s, il lui semblait que sa t�te allait �clater.

Estelle avait d'abord �t� adjointe � quelques dames attach�es � la section des recherches, savantes non moins �minentes, dans leurs diverses sp�cialit�s, que leurs confr�res barbus. L'une de ces dames, sortie jadis de l'�cole polytechnique, section f�minine, avec le no 1, avait d'abord paru s'int�resser � la jeune fille, � qui elle supposait, en raison de son entr�e au grand Labo, des facult�s transcendantes. Mais le fond de la science d'Estelle lui �tait bien vite apparu et alors elle avait, avec une moue de m�pris, tourn� le dos � cette repr�sentante de l'antique et douloureuse futilit� f�minine.

Elle avait, avec une moue de m�pris, tourn� le dos � Estelle.

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Estelle devint donc le secr�taire de l'ing�nieur-secr�taire-g�n�ral de Philox Lorris, de Sulfatin, bras droit de l'illustre savant, et cela lui plut davantage, d'abord parce que Sulfatin, qui lui montrait une certaine condescendance, ne l'intimidait plus, et surtout parce que cela la rapprochait de Georges Lorris. Alors elle passa ses journ�es dans le grand hall du secr�tariat, pr�te � prendre des notes, � transmettre � l'occasion quelques ordres, ou � recevoir dans les phonos les recommandations de Philox Lorris destin�es � �tre communiqu�es, comme des ordres du jour, � ses innombrables chefs de service. Philox Lorris jouait toujours du phonographe: de cette fa�on, c'�tait toujours et partout, m�me dans les plus lointaines usines, la voix du grand chef qui se faisait entendre et entretenait l'ardeur de ses collaborateurs.

C'est en cette qualit� de secr�taire adjointe qu'elle assista maintes fois aux discussions de Sulfatin et de Philox Lorris, aux conf�rences avec de tr�s hautes personnalit�s, conf�rences et discussions relatives � trois grandes, � trois immenses affaires, tr�s diff�rentes l'une de l'autre, qui occupaient alors presque exclusivement les m�ditations de Philox Lorris.

Pour �tre initi� aux pr�occupations du savant, il nous suffit d'assister indiscr�tement � quelques-unes de ses conf�rences. Voici aujourd'hui, dans le grand hall du secr�tariat, discutant avec Philox, des messieurs aux figures basan�es, aux chevelures cr�pues, aux barbes d'un noir luisant, des militaires rev�tus d'uniformes �trangers. Ce sont des diplomates de Costa-Rica, avec une commission de g�n�raux, qui traitent une affaire de fourniture d'engins et produits. �coutons Philox Lorris, en train de r�sumer la question avec la concision d'un homme qui tient � ne jamais gaspiller le quart d'une minute.

�En deux mots, messieurs, dit Philox Lorris en coupant la parole � un diplomate loquace, la r�publique de Costa-Rica, pour sa guerre avec la Danubie...

Engins in�dits.

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Pardonnez! pardonnez! fait le diplomate, pas de guerre! La r�publique de Costa-Rica, pour assurer le maintien de la paix avec la Danubie... Les n�gociations sont pendantes, nous n'en sommes pas encore aux ultimatums!... pour assurer le maintien de la paix...

—D�sire acqu�rir une ample provision de nos explosifs in�dits, continue Philox...

—C'est bien cela.

—Ainsi que les engins de notre cr�ation, destin�s � porter, en cas de besoin, ces explosifs aux endroits les plus favorables pour endommager le plus s�rieusement possible l'ennemi...

—Pr�cis�ment.

—Vous avez assist� aux essais de nos produits nouveaux, vous avez entrevu—de loin—les engins dont nous gardons le secret, et vous d�sirez acqu�rir engins et produits. Vous avez transmis � votre gouvernement nos conditions; ces conditions ne varieront pas. Certains de la sup�riorit� de nos produits sur tout ce qui s'est fait jusqu'� ce jour, nous n'abaisserons pas nos pr�tentions: c'est � prendre ou � laisser!

—Cependant...

—Rien du tout... Dites oui, dites non, mais concluons...

—Une simple observation... La r�publique de Costa-Rica fera tous les sacrifices... pour l'amour de la paix... Mais, en consentant � ces lourds sacrifices, elle d�sirerait avoir, pour conduire les arm�es charg�es d'exp�rimenter vos nouveaux engins, l'homme qui les a con�us... vous-m�me, illustre savant!

—Moi! s'exclama Philox Lorris; croyez-vous que j'aie le temps? Et puis, je suis ici ing�nieur g�n�ral de l'artillerie, je ne puis prendre du service � l'�tranger...

�NOUS D�SIRONS ACQU�RIR, POUR ASSURER LE MAINTIEN DE LA PAIX, QUELQUES ENGINS ET EXPLOSIFS...�

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—Oh! service provisoire! L'autorisation serait facile � obtenir, en payant m�me un fort d�dit � votre gouvernement! Vous voyez � quel prix nous mettons votre pr�cieux concours!

—Messieurs, c'est inutile, d'autres affaires me r�clament...

—Donnez-nous au moins l'un de vos collaborateurs, M. Sulfatin, par exemple...

—J'ai besoin de Sulfatin; je pourrais vous donner quelques-uns de mes ing�nieurs, mais pour un temps seulement... Mais je me r�serve le droit d'exploiter mes engins et produits comme il me conviendra et de livrer � toutes puissances, m�me � la Danubie, ce qu'elles me demanderont...

LES ENVOY�S DE LA R�PUBLIQUE DE COSTA-RICA.

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—A la Danubie! les m�mes produits qu'� nous!

—C'est �galement pour le maintien de la paix...

—Oh! mais, rien de fait!

—Soit, je ne vous cache pas que la Danubie a, ces

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