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Book online «Le Vingtième Siècle: La Vie Électrique by Albert Robida (inspirational books for students .txt) 📗». Author Albert Robida



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tenait un peu de son p�re lui avait nui.

LES PANTOUFLES ISOLATRICES.

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DANS L'OUEST S'AVAN�AIT UN GIGANTESQUE A�RO-PAQUEBOT.

Image plus grande III

Les tourments d'une aspirante ing�nieure.—Les cours par T�l�.—Une fid�le cliente de Babel-Magasins.—L'ahurie Grettly circulant parmi les engins.—Le T�l�journal.

Maintenant que la jeune fille �tait � peu pr�s rassur�e, Georges Lorris aurait tr�s bien pu prendre cong�; mais, sans chercher � se rendre compte des motifs qui le retenaient, il resta pr�s du T�l� � causer avec elle. Ils parlaient sciences appliqu�es, instruction, �lectricit�, morale nouvelle et politique scientifique... Estelle Lacombe, quand elle sut que le hasard l'avait mise en pr�sence t�l�phonoscopique du fils de ce grand Philox, prit na�vement devant Georges une attitude d'�l�ve, ce qui fit bien rire le jeune homme.

�Je suis le fils de l'illustre Philox, comme vous dites, fit-il, mais je ne suis moi-m�me qu'un bien pauvre disciple; et, puisque vous voulez bien me faire confidence de vos insucc�s, sachez donc que tout � l'heure, au moment o� la tournade �clata, mon p�re �tait en train de m'administrer ce qui s'appelle un rebrousse-fil de vraiment premier ordre, c'est-�-dire un joli petit savon, et de me reprocher mon insuffisance scientifique... et c'�tait m�rit�, trop m�rit�, je le reconnais!...

—Oh! non, non; ce que le grand Philox Lorris peut traiter de faiblesse scientifique, pour moi c'est encore la force, la force �crasante... Ah! si je pouvais arriver seulement au premier grade d'ing�nieure!

—Vous vous empresseriez de dire: ouf! et de laisser l� vos livres,� dit Georges en riant.

La jeune fille sourit sans r�pondre et remua machinalement la montagne de cahiers et de livres qui couvrait son bureau.

�Mademoiselle, si cela peut vous servir, je vous enverrai quelques-uns de mes cahiers et les phonogrammes de quelques conf�rences de mon p�re aux ing�nieurs de son laboratoire...

—Que de remerciements, monsieur!..... J'essayerai de comprendre, je ferai tous mes efforts...�

Brusquement une sonnerie tinta et le T�l� s'obscurcit. L'image de la jeune fille disparut. Georges demeura seul dans sa chambre. Au poste central des T�l�s, les avaries caus�es par la tournade �tant r�par�es, le jeu normal des appareils reprenait et la communication provisoire cessait partout.

Georges, consultant sa montre, vit que le temps avait coul� vite pendant sa conversation et que l'heure de se rendre au laboratoire �tait arriv�e. Il pressa un bouton, la porte de sa chambre s'ouvrit d'elle-m�me, un ascenseur parut; il se jeta dedans et fut transport� en un quart de minute � l'embarcad�re sup�rieur, un tr�s haut belv�d�re sur le toit, abritant l'entr�e principale de la maison.

La loge du concierge, plac�e maintenant, dans toutes les habitations, en raison de la circulation a�rienne, � la porte sup�rieure, sur la plate-forme embarcad�re, �tait, chez Philox Lorris, remplac�e, ainsi que le concierge lui-m�me, par un poste �lectrique o� tous les services se trouvaient assur�s par un syst�me de boutons � presser.

UN A�ROCAB SORTIT DE LA REMISE A�RIENNE.

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Un a�rocab, sorti tout seul de la remise a�rienne et filant sur une tringle de fer, attendait d�j� Georges � l'embarcad�re. Le jeune homme, avant de sauter dedans, jeta un regard sur l'immense Paris �tendu devant lui dans la vall�e de la Seine, � perte de vue, jusque vers Fontainebleau rattrap� par le faubourg du Sud. La vie a�rienne suspendue pendant l'ouragan �lectrique reprenait son cours; le ciel �tait sillonn� d�j� de v�hicules de toutes sortes, a�ronefs-omnibus se suivant � la file et cherchant � rattraper leur retard, a�rofl�ches des lignes de province ou de l'�tranger, lanc�es � toute vitesse, a�rocabs, a�rocars fourmillant autour des stations de Tubes o� les trains retenus devaient se suivre presque sans intervalles. Dans l'Ouest s'avan�ait majestueusement, estomp� dans la brume lointaine, un gigantesque a�ro-paquebot de l'Am�rique du Sud qui avait failli se trouver pris dans la tournade et ajouter un chapitre de plus � l'histoire des grands sinistres.

�Allons travailler!� dit enfin Georges en d�gageant de sa tringle l'a�rocab, qui fila bient�t vers un des laboratoires Philox Lorris, �tablis avec les usines d'essai, sur un terrain de 40 hectares dans la plaine de Gonesse.

Pendant ce temps, � Lauterbrunnen-Station, Estelle Lacombe, demeur�e seule, laissait bien vite ses cahiers et courait � sa fen�tre pour interroger anxieusement l'horizon. Pendant l'ouragan, n'�tait-il rien arriv� � sa m�re dans sa course � Paris, ou � son p�re dans sa tourn�e d'inspection? Tout �tait tranquille dans la montagne; le Casino a�rien, redescendu � Lauterbrunnen-Station au premier signal d'alarme, remontait doucement aux couches sup�rieures, pour donner � ses h�tes le spectacle du coucher du soleil derri�re les cimes neigeuses de l'Oberland.

Estelle ne resta pas longtemps dans l'inqui�tude: un a�rocab venant d'Interlaken parut tout � coup, et la jeune fille, avec le secours d'une lorgnette, reconnut sa m�re pench�e � la porti�re et pressant le m�canicien. Mais aussit�t une sonnerie du T�l� fit retourner Estelle, qui jeta un cri de joie en reconnaissant son p�re sur la plaque.

M. Lacombe, dans une logette de phare, de l'air d'un homme tr�s press�, se h�ta de parler:

�Eh bien! fillette, tout s'est bien pass�? Rien de cass� par cette diablesse de tournade, hein? Heureux! Je t'embrasse! J'�tais inquiet... O� est maman?

—Maman revient! Elle arrive de Paris...

—Encore! fit M. Lacombe. A Paris! pendant cette tourmente! Quelle inqui�tude, si j'avais su!

—La voici...

—Je n'ai pas le temps! Gronde-la pour moi! Je suis rest� en panne pendant la tournade au phare 189, � Bellinzona; je serai � la maison vers neuf heures; ne m'attendez pas pour d�ner...�

Drinn! Il avait d�j� disparu. Au m�me moment, Mme Lacombe mettait le pied sur le balcon et payait pr�cipitamment son a�rocab. La porte du balcon s'ouvrit et la bonne dame, charg�e de paquets, s'�croula dans un fauteuil.

�Ouf! ma ch�rie, comme j'ai eu peur! Tu sais que j'ai vu plusieurs accidents...

—Je viens de communiquer avec papa, r�pondit Estelle en embrassant sa m�re; il est au 189, � Bellinzona; il va bien, pas d'accident... Et toi, maman?

MONDAINE PAR T�L�.

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—Oh! moi, mon enfant, je suis mourante! Quelle temp�te! Quelle affreuse tournade! Tu verras les d�tails dans le T�l�journal de ce soir... C'est effrayant! Tu sais que, tout bien r�fl�chi, je n'ai pas chang� le chapeau rose... Figure-toi que j'�tais � Babel-Magasins quand elle a �clat�, cette tournade; j'y suis rest�e trois heures, affol�e, mon enfant, litt�ralement affol�e!... J'en ai profit� pour voir ce qu'ils avaient de nouveau dans les demi-soies � 14 fr. 50... Il est tomb� devant Babel-Magasins des d�bris d'a�ronefs, il y a eu tant d'accidents!... Et puis, dans les dentelles pour manchettes ou collerettes, j'ai trouv� quelque chose de d�licieux... et de tr�s avantageux!... Oui, mon enfant, j'ai vu, de mes yeux vu, de la plate-forme de Babel-Magasins, un abordage d'a�ronefs au milieu des �clairs quand le fluide a pass�... Ce fut horrible... Voyons, n'ai-je pas oubli� quelque paquet? Non, tout est bien l�... Et j'�tais inqui�te, ma pauvre ch�rie; je me suis pr�cipit�e dans la salle des T�l�s d�s que je l'ai pu, pour te voir et te faire une foule de recommandations, mais les T�l�s �taient d�traqu�s... Quelle administration! Quelle m�canique ridicule! Et on appelle �a la science! J'arrive, je veux prendre une communication. Drinn! J'aper�ois un int�rieur de caserne avec un major en train de faire la th�orie des pompes � mitraille � ses hommes... Oh! je suis ferr�e l�-dessus maintenant... et des jurons, mon enfant, des jurons affreux, parce qu'il y avait un des hommes... une esp�ce de moule...—bon, voil� que je parle comme le major maintenant!—qui ne saisissait pas le m�canisme... Oh! dans les vingt-quatre T�l�s du magasin, rien que des sc�nes semblables, des communications qu'on ne pouvait pas couper... Quelle administration!

EMPLETTES PAR T�L�.

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—Oui, je sais, dit Estelle; on a donn� provisoirement, pendant le travail n�cessit� par les avaries, une communication quelconque � tous les abonn�s.

—Et ici, mon enfant, j'esp�re que tu n'es pas tomb�e sur une communication d�sagr�able.

—Non, maman, au contraire!... C'est-�-dire, fit Estelle en rougissant, que nous avions communication avec un jeune homme tr�s comme il faut...�

ON RESPIRE LA FRAICHEUR DU SOIR

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—A ces mots, Mme Lacombe sursauta.

�Un jeune homme, parle, tu m'inqui�tes! Mon Dieu! quelle administration ridicule que celle des T�l�s! Sont-ils inconvenants parfois avec leurs erreurs ou leurs accidents! On voit bien que leurs employ�es sont de jeunes linottes qui ne songent qu'� bavarder, � m�dire, � se moquer des abonn�s, � rire des petits secrets qu'elles peuvent surprendre!... Un jeune homme!... Oh! je me plaindrai!

—Attends, maman!... c'�tait le fils de Philox Lorris!

—Le fils de Philox Lorris! s'�cria Mme Lacombe; tu ne t'es pas sauv�e, n'est-ce pas? tu lui as parl�?

—Oui, maman.

—J'aurais mieux aim� le grand Philox Lorris lui-m�me; mais enfin j'esp�re que tu n'as pas baiss� la t�te comme une petite sotte, ainsi que tu le fais devant ces messieurs des examens?

Mme LACOMBE METTAIT LE PIED SUR LE BALCON.

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—J'avais tr�s peur, maman, la tournade m'avait terrifi�e... il m'a rassur�e...

—Je suppose que tu as montr� pourtant, par quelques mots spirituels, mais techniques, sur la tournade �lectrique, que tu �tais ferr�e sur tes sciences, que tu avais tes dipl�mes...

—Je ne sais trop ce que j'ai pu dire... mais ce monsieur a �t� tr�s aimable; il a vu mon insuffisance, au contraire, car il doit m'envoyer des notes, des phonogrammes de conf�rences de son p�re.

—De son p�re! de l'illustre Philox Lorris! Quelle heureuse chance! Ces T�l�s ont quelquefois du bon avec leurs erreurs... je le reconnais tout de m�me... Il t'enverra des phonogrammes, je ferai une petite visite de remerciements, je parlerai de ton p�re qui croupit dans un poste secondaire aux Phares alpins... J'obtiendrai une recommandation du grand Philox Lorris et ton p�re aura de l'avancement... Je me charge de tout, embrasse-moi!�

Drinn! Drinn! C'�tait le T�l�. Dans la plaque apparut encore M. Lacombe.

�Ta m�re est revenue! Ah! bon, te voil�, Aur�lie? J'�tais inquiet; au revoir, tr�s press�; ne m'attendez pas pour d�ner, je serai ici � neuf heures et demie...�

Drinn! Drinn! M. Lacombe avait disparu.

Nous ne savons si l'incident amen� par la tournade troubla le sommeil d'Estelle, mais sa m�re fit, cette nuit-l�, de beaux r�ves o� MM. Philox Lorris p�re et fils tenaient une place importante. Mme Lacombe �tait en train, aussit�t lev�e, de se faire encore une fois raconter par sa fille les d�tails de sa conversation de la veille avec le fils du grand Philox Lorris, lorsque l'a�ro-gal�re du tube amenant des touristes d'Interlaken apporta un colis tubal adress� de Paris � Mlle Estelle Lacombe.

Il contenait une vingtaine de phonogrammes de conf�rences de Philox et de le�ons d'un ma�tre c�l�bre qui avait �t� le professeur de Georges Lorris. Le jeune homme avait tenu sa promesse.

�Je vais prendre le tube de midi pour faire une petite visite � Philox Lorris! s'�cria Mme Lacombe joyeuse. C'est mon r�ve qui se r�alise, j'ai r�v� que j'allais voir le grand inventeur, qu'il me promenait dans son laboratoire en me donnant gracieusement toutes sortes d'explications, et qu'enfin il m'amenait devant sa derni�re invention, une machine tr�s compliqu�e... ��a, madame, me disait-il, c'est un appareil � �lever �lectriquement les appointements; permettez-moi de vous en faire hommage pour monsieur votre mari...�

—Toujours ton dada! fit M. Lacombe en riant.

—Crois-tu qu'il soit agr�able de vivre de privations de chapeaux roses comme j'en ai vu un hier � Babel-Magasins?... Je vais l'acheter en passant pour aller chez Philox Lorris!

PETITES OP�RATIONS DE BOURSE.

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—Du tout, je m'y oppose formellement, dit M. Lacombe, pas au chapeau rose, tu le feras venir si tu veux, mais � la visite chez Philox Lorris... Attendons un peu; quand Estelle passera son examen, si, gr�ce aux le�ons envoy�es par M. Lorris, elle obtient son grade d'ing�nieure, il sera temps de songer � une petite visite de remerciement... par T�l�... pour ne pas importuner.

—Tiens, tu n'arriveras jamais � rien!� d�clara Mme Lacombe.

 
  M. LACOMBE, INSPECTEUR DES PHARES ALPINS.

L'entr�e de la servante Grettly apportant le d�jeuner coupa court au sermon que Mme Lacombe se pr�parait, suivant une habitude quotidienne, � servir � son mari avant son d�part pour son bureau. La pauvre servante, � peine remise de sa frayeur de la veille, vivait dans un �tat d'ahurissement perp�tuel. Dans nos villes, les braves gens de la campagne, fils de la terre ne connaissant que la terre, cervelles dures, r�fractaires aux id�es scientifiques, les ignorants contraints d'�voluer dans une civilisation extraordinairement compliqu�e qui exige de tous une telle somme de connaissances, vont ainsi perp�tuellement de la stup�faction � la frayeur.

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