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Ardan, � discuter ainsi, nous oublions Diane et Satellite!�

Aussit�t, une respectable p�t�e fut offerte � la chienne qui la d�vora de grand app�tit.

�Vois-tu, Barbicane, disait Michel, nous aurions d� faire de ce projectile une seconde arche de No� et emporter dans la Lune un couple de tous les animaux domestiques.

—Sans doute, r�pondit Barbicane, mais la place e�t manqu�.

—Bon! dit Michel, en se serrant un peu!

—Le fait est, r�pondit Nicholl, que bœuf, vache, taureau, cheval, tous ces ruminants nous seraient fort utiles sur le continent lunaire. Par malheur, ce wagon ne pouvait devenir ni une �curie ni une �table.

—Mais au moins, dit Michel Ardan, aurions-nous pu emmener un �ne, rien qu'un petit �ne, cette courageuse et patiente b�te qu'aimait � monter le vieux Sil�ne! Je les aime, ces pauvres �nes! Ce sont bien les animaux les moins favoris�s de la cr�ation. Non seulement on les frappe pendant leur vie, mais on les frappe aussi apr�s leur mort!

—Comment l'entends-tu? demanda Barbicane.

—Dame! fit Michel, puisqu'on en fait des peaux de tambour!�

Barbicane et Nicholl ne purent s'emp�cher de rire � cette r�flexion saugrenue. Mais un cri de leur joyeux compagnon les arr�ta. Celui-ci s'�tait courb� vers la niche de Satellite et se relevait en disant:

�Bon! Satellite n'est plus malade.

—Ah! fit Nicholl.

—Non, reprit Michel, il est mort. Voil�, ajouta-t-il d'un ton piteux, voil� qui sera embarrassant. Je crains, ma pauvre Diane, que tu ne fasses pas souche dans les r�gions lunaires!�

En effet, l'infortun� Satellite n'avait pu survivre � sa blessure. Il �tait mort et bien mort. Michel Ardan tr�s d�contenanc�, regardait ses amis.

�Il se pr�sente une question, dit Barbicane. Nous ne pouvons garder avec nous le cadavre de ce chien pendant quarante-huit heures encore.

—Non, sans doute, r�pondit Nicholl, mais nos hublots sont fix�s par des charni�res. Ils peuvent se rabattre. Nous ouvrirons l'un des deux et nous jetterons ce corps dans l'espace.�

Le pr�sident r�fl�chit pendant quelques instants. et dit:

�Oui, il faudra proc�der ainsi, mais en prenant les plus minutieuses pr�cautions.

—Pourquoi? demanda Michel.

—Pour deux raisons que tu vas comprendre r�pondit Barbicane. La premi�re est relative � l'air renferm� dans le projectile, et dont il ne faut perdre que le moins possible.

—Mais puisque nous le refaisons, cet air!

—En partie seulement. Nous ne refaisons que l'oxyg�ne, mon brave Michel,—et � ce propos veillons bien � ce que l'appareil ne fournisse pas cet oxyg�ne en quantit� immod�r�e, car cet exc�s am�nerait en nous des troubles physiologiques tr�s graves. Mais si nous refaisons l'oxyg�ne, nous ne refaisons pas l'azote, ce v�hicule que les poumons n'absorbent pas et qui doit demeurer intact. Or, cet azote s'�chapperait rapidement par les hublots ouverts.

—Oh! le temps de jeter ce pauvre Satellite, dit Michel.

—D'accord, mais agissons rapidement.

—Et la seconde raison? demanda Michel.

—La seconde raison, c'est qu'il ne faut pas laisser le froid ext�rieur, qui est excessif, p�n�trer dans le projectile, sous peine d'�tre gel�s vivants.

—Cependant, le Soleil...

—Le Soleil �chauffe notre projectile qui absorbe ses rayons, mais il n'�chauffe pas le vide o� nous flottons en ce moment. O� il n'y a pas d'air, il n'y a pas plus de chaleur que de lumi�re diffuse, et de m�me qu'il fait noir, il fait froid l� o� les rayons du Soleil n'arrivent pas directement. Cette temp�rature n'est donc autre que la temp�rature produite par le rayonnement stellaire, c'est-�-dire celle que subirait le globe terrestre si le Soleil s'�teignait un jour.

—Ce qui n'est pas � craindre, r�pondit Nicholl.

—Qui sait? dit Michel Ardan. D'ailleurs, en admettant que le Soleil ne s'�teigne pas, ne peut-il arriver que la Terre s'�loigne de lui?

—Bon! fit Barbicane, voil� Michel avec ses id�es!

—Eh! reprit Michel, ne sait-on pas que la Terre a travers� la queue d'une com�te en 1861? Or, supposons une com�te dont l'attraction soit sup�rieure � l'attraction solaire, l'orbite terrestre se courbera vers l'astre errant, et la Terre, devenue son satellite, sera entra�n�e � une distance telle que les rayons du Soleil n'auront plus aucune action � sa surface.

—Cela peut se produire, en effet, r�pondit Barbicane, mais les cons�quences d'un pareil d�placement pourraient bien ne pas �tre aussi redoutables que tu le supposes.

—Et pourquoi?

—Parce que le froid et le chaud s'�quilibreraient encore sur notre globe. On a calcul� que si la Terre e�t �t� entra�n�e par la com�te de 1861, elle n'aurait pas ressenti, � sa plus grande distance du Soleil, une chaleur seize fois sup�rieure � celle que nous envoie la Lune, chaleur qui, concentr�e au foyer des plus fortes lentilles, ne produit aucun effet appr�ciable.

—Eh bien? fit Michel.

—Attends un peu, r�pondit Barbicane. On calcul� aussi, qu'� son p�rih�lie, � sa distance la plus rapproch�e du Soleil, la Terre aurait support� une chaleur �gale � vingt-huit mille fois celle de l'�t�. Mais cette chaleur, capable de vitrifier les mati�res terrestres et de vaporiser les eaux, e�t form� un �pais anneau de nuages qui aurait amoindri cette temp�rature excessive. De l�, compensation entre les froids de l'aph�lie et les chaleurs du p�rih�lie, et une moyenne probablement supportable.

—Mais � combien de degr�s estime-t-on la temp�rature des espaces plan�taires? demanda Nicholl.

—Autrefois, r�pondit Barbicane, on croyait que cette temp�rature �tait excessivement basse. En calculant son d�croissement thermom�trique, on arrivait � la chiffrer par millions de degr�s au-dessous de z�ro. C'est Fourier, un compatriote de Michel, un savant illustre de l'Acad�mie des Sciences, qui a ramen� ces nombres � de plus justes estimations. Suivant lui, la temp�rature de l'espace ne s'abaisse pas au-dessous de soixante degr�s.

—Peuh! fit Michel.

—C'est � peu pr�s, r�pondit Barbicane, la temp�rature qui fut observ�e dans les r�gions polaires, � l'�le Melville ou au fort Reliance, soit environ cinquante-six degr�s centigrades au-dessous de z�ro.

—Il reste � prouver, dit Nicholl, que Fourier ne s'est pas abus� dans ses �valuations. Si je ne me trompe, un autre savant fran�ais, M. Pouillet, estime la temp�rature de l'espace � cent soixante degr�s au-dessous de z�ro. C'est ce que nous v�rifierons.

—Pas en ce moment, r�pondit Barbicane, car les rayons solaires, frappant directement notre thermom�tre, donneraient, au contraire, une temp�rature tr�s �lev�e. Mais lorsque nous serons arriv�s sur la Lune, pendant les nuits de quinze jours que chacune de ses faces �prouve alternativement, nous aurons le loisir de faire cette exp�rience, car notre satellite se meut dans le vide.

—Mais qu'entends-tu par le vide? demanda Michel, est-ce le vide absolu?

—C'est le vide absolument priv� d'air.

—Et dans lequel l'air n'est remplac� par rien?

—Si. Par l'�ther, r�pondit Barbicane.

—Ah! Et qu'est-ce que l'�ther?

—L'�ther, mon ami, c'est une agglom�ration d'atomes impond�rables, qui, relativement � leurs dimensions, disent les ouvrages de physique mol�culaire, sont aussi �loign�s les uns des autres que les corps c�lestes le sont dans l'espace. Leur distance, cependant, est inf�rieure � un trois-millioni�mes de millim�tre. Ce sont ces atomes qui, par leur mouvement vibratoire, produisent la lumi�re et la chaleur, en faisant par seconde quatre cent trente trillions d'ondulations, n'ayant que quatre � six dix-milli�mes de millim�tre d'amplitude.

—Milliards de milliards! s'�cria Michel Ardan, on les a donc mesur�es et compt�es, ces oscillations! Tout cela, ami Barbicane, ce sont des chiffres de savants qui �pouvantent l'oreille et ne disent rien � l'esprit.

—Il faut pourtant bien chiffrer...

—Non. Il vaut mieux comparer. Un trillion ne signifie rien. Un objet de comparaison dit tout. Exemple: Quand tu m'auras r�p�t� que le volume d'Uranus est soixante-seize fois plus gros que celui de la Terre, le volume de Saturne neuf cents fois plus gros, le volume de Jupiter treize cents fois plus gros, le volume du Soleil treize cent mille fois plus gros, je n'en serai pas beaucoup plus avanc�. Aussi, je pr�f�re, et de beaucoup, ces vieilles comparaisons du Double Li�geois qui vous dit tous b�tement: Le Soleil, c'est une citrouille de deux pieds de diam�tre, Jupiter, une orange, Saturne, une pomme d'api, Neptune, une guigne, Uranus, une grosse cerise, la Terre, un pois, V�nus, un petit pois, Mars, une grosse t�te d'�pingle, Mercure un grain de moutarde, et Junon, C�r�s, Vesta et Pallas, de simples grains de sable! On sait au moins � quoi s'en tenir!�

Apr�s cette sortie de Michel Ardan contre les savants et ces trillions qu'ils alignent sans sourciller, l'on proc�da � l'ensevelissement de Satellite. Il s'agissait simplement de le jeter dans l'espace, de la m�me mani�re que les marins jettent un cadavre � la mer.

Mais, ainsi que l'avait recommand� le pr�sident Barbicane, il fallut op�rer vivement, de fa�on � perdre le moins possible de cet air que son �lasticit� aurait rapidement �panch� dans le vide. Les boulons du hublot de droite, dont l'ouverture mesurait environ trente centim�tres, furent d�viss�s avec soin, tandis que Michel, tout contrit, se pr�parait � lancer son chien dans l'espace. La vitre, manœuvr�e par un puissant levier qui permettait de vaincre la pression de l'air int�rieur sur les parois du projectile, tourna rapidement sur ses charni�res, et Satellite fut projet� au-dehors. C'est � peine si quelques mol�cules d'air s'�chapp�rent, et l'op�ration r�ussit si bien que, plus tard, Barbicane ne craignit pas de se d�barrasser ainsi des d�bris inutiles qui encombraient le wagon.

VI

Demandes et r�ponses

Le 4 d�cembre, les chronom�tres marquaient cinq heures du matin terrestre, quand les voyageurs se r�veill�rent, apr�s cinquante-quatre heures de voyage. Comme temps, ils n'avaient d�pass� que de cinq heures quarante minutes, la moiti� de la dur�e assign�e � leur s�jour dans le projectile; mais comme trajet, ils avaient d�j� accompli pr�s des sept dixi�mes de la travers�e. Cette particularit� �tait due � la d�croissance r�guli�re de leur vitesse.

Lorsqu'ils observ�rent la Terre par la vitre inf�rieure, elle ne leur apparut plus que comme une tache sombre, noy�e dans les rayons solaires. Plus de croissant, plus de lumi�re cendr�e. Le lendemain, � minuit, la Terre devait �tre nouvelle, au moment pr�cis o� la Lune serait pleine. Au-dessus, l'astre des nuits se rapprochait de plus en plus de la ligne suivie par le projectile, de mani�re � se rencontrer avec lui � l'heure indiqu�e. Tout autour, la vo�te noire �tait constell�e de points brillants qui semblaient se d�placer avec lenteur. Mais � la distance consid�rable o� ils se trouvaient, leur grosseur relative ne paraissait pas s'�tre modifi�e. Le Soleil et les �toiles apparaissaient exactement tels qu'on les voit de la Terre. Quant � la Lune, elle avait consid�rablement grossi; mais les lunettes des voyageurs, peu puissantes en somme, ne permettaient pas encore de faire d'utiles observations � sa surface, et d'en reconna�tre les dispositions topographiques ou g�ologiques.

Aussi, le temps s'�coulait-il en conversations interminables. On causait de la Lune surtout. Chacun apportait son contingent de connaissances particuli�res. Barbicane et Nicholl, toujours s�rieux, Michel Ardan, toujours fantaisiste. Le projectile, sa situation, sa direction, les incidents qui pouvaient survenir, les pr�cautions que n�cessiterait sa chute sur la Lune, c'�tait l� mati�re in�puisable � conjectures.

Pr�cis�ment, en d�jeunant, une demande de Michel, relative au projectile, provoqua une assez curieuse r�ponse de Barbicane et digne d'�tre rapport�e.

Michel, supposant le boulet brusquement arr�t�, lorsqu'il �tait encore anim� de sa formidable vitesse initiale, voulut savoir quelles auraient �t� les cons�quences de cet arr�t.

�Mais, r�pondit Barbicane, je ne vois pas comment le projectile aurait pu �tre arr�t�.

—Supposons-le, r�pondit Michel.

—Supposition irr�alisable, r�pliqua le pratique Barbicane. A moins que la force d'impulsion ne lui e�t fait d�faut. Mais alors, sa vitesse aurait d�cru peu � peu, et il ne se f�t pas brusquement arr�t�.

—Admets qu'il ait heurt� un corps dans l'espace.

—Lequel?

—Ce bolide �norme que nous avons rencontr�.

—Alors, dit Nicholl, le projectile e�t �t� bris� en mille pi�ces, et nous avec.

—Mieux que cela, r�pondit Barbicane, nous aurions �t� br�l�s vifs.

—Br�l�s! s'�cria Michel. Pardieu! je regrette que le cas ne se soit pas pr�sent� �pour voir�.

—Et tu aurais vu, r�pondit Barbicane. On sait maintenant que la chaleur n'est qu'une modification du mouvement. Quand on fait chauffer de l'eau, c'est-�-dire quand on lui ajoute de la chaleur, cela veut dire que l'on donne du mouvement � ses mol�cules.

—Tiens! fit Michel, voil� une th�orie ing�nieuse!

—Et juste, mon digne ami, car elle explique tous les ph�nom�nes du calorique. La chaleur n'est qu'un mouvement mol�culaire, une simple oscillation des particules d'un corps. Lorsqu'on serre le frein d'un train, le train s'arr�te. Mais que devient le mouvement dont il �tait anim�? Il se transforme en chaleur, et le frein s'�chauffe. Pourquoi graisse-t-on l'essieu des roues? Pour l'emp�cher de s'�chauffer, attendu que cette chaleur, ce serait du mouvement perdu par transformation. Comprends-tu?

—Si je comprends! r�pondit Michel, admirablement. Ainsi, par exemple, quand j'ai couru longtemps, que je suis en nage, que je sue � grosses gouttes, pourquoi suis-je forc� de m'arr�ter? Tout simplement, parce que mon mouvement s'est transform� en chaleur!�

Barbicane ne put s'emp�cher de sourire � cette repartie de Michel. Puis, reprenant sa th�orie:

�Ainsi donc, dit-il, dans le cas d'un choc, il en e�t �t� de notre projectile comme de la balle qui tombe br�lante apr�s avoir frapp� la plaque de m�tal. C'est son mouvement qui s'est chang� en chaleur. En cons�quence, j'affirme que si notre boulet avait heurt� le bolide, sa vitesse, brusquement an�antie, e�t d�termin� une chaleur capable de le volatiliser instantan�ment.

—Alors, demanda Nicholl, qu'arriverait-il donc si la Terre s'arr�tait subitement dans son mouvement de translation?

—Sa temp�rature serait port�e � un tel point, r�pondit Barbicane, qu'elle serait imm�diatement r�duite en vapeurs.

—Bon, fit Michel, voil� un moyen de finir le monde qui simplifierait bien les choses.

—Et

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